La plus méridionale des îles françaises du Canal de Mozambique, EUROPA est
positionnée par 22°20' de latitude Sud, et 40°21 de longitude Est . Elle se
situe à 1650 km de La Réunion et à 300 km du Cap Saint-Vincent.
L'île d'EUROPA est un ancien atoll, partiellement comblé, entouré d'un récif
frangeant presque continu.
Un grand lagon , peu profond et en voie de comblement, occupe le centre de
l'île, et porte une végétation dense de palétuviers entre lesquels les courants ont creusé des
canaux plus profonds. C'est à marée descendante que l'on peut voir, à droite de
l'entrée du lagon, un courant assez rapide. Encombré de bancs de sable et de
têtes de corail, le lagon communique avec la mer par le Nord.
On peut voir, à l'Est, des Roches noires recouvertes d'arbustes.
Sur la côte Nord, s'étend une barrière de madrépores et, derrière, une haute
dune boisée de quelques filaos, où domine l'Euphorbia, aux troncs courts et
feuillage glauque.
La barrière de corail, interrompue en un point, permet le passage des tortues
marines, pour venir pondre leurs oeufs à terre. Au Sud-Ouest, s'élèvent des
dunes couvertes de joncs. Le sol de l'île est presque partout rocailleux,
parsemé parfois de petites dunes de sable.
Au cours du XVI siècle, la navigation à voile était intense dans le Canal de
Mozambique. C'est la raison pour laquelle l'île d'EUROPA fut découverte sans
doute très tôt. Longtemps, elle resta confondue avec BASSA DA INDIA sur les
anciennes cartes : Parmentier 1530, Alphonse de Saintonge 1545, Th. Herbert
1626.
Le 24 décembre 1774, le navire anglais EUROPA la reconnut avec certitude, et
lui donna son nom. L'île a certainement connu de nombreux naufrages dont
certains n'ont jamais laissé de traces.
Quelques colons se sont intéressés à ce bout de terre, mais toutes les
tentatives de colonisation ont échoué.
Vers 1860, des colons français du nom de ROSIER (2 frères) venant de Tuléar,
s'installent à Europa et emmènent avec eux quelques animaux. Quelques années
plus tard, il disparurent d'Europa sans laisser de traces, les animaux
abandonnés retournèrent à l'état sauvage.
Le rattachement d'EUROPA à la France a été fait par un acte officiel du 31
octobre 1897, qui déclare expressément EUROPA dépendance française, après que
le Pavillon eut été planté. L'administration d'EUROPA a ensuite été rattachée à
la province de Tananarive par l'arrêté du 21 novembre 1921, à la province de
Morombé par l'arrêté du 14 mars 1932, au district de Nossi-Bé par l'arrêté du
16 juin 1932 et au district de Tuléar par l'arrêté du 20 décembre 1949.
Durant ce temps, des petites concessions étaient accordées à des particuliers,
pour la mise en valeur de l'île. En 1903, une petite colonie était installée
sur l'île. Un Européen avec quatre pêcheurs, un serviteur et sa famille. Faute
d'eau douce, la petite colonie dût évacuer l'île.
Les pêcheurs, disparurent en mer en essayant de gagner Madagascar. Les autres
personnes furent ramenées à Tuléar.
Vers 1910, l'île d'EUROPA possédait une petite population sédentaire, quelques
pêcheurs et chasseurs. C'est sans doute cette population qui est à l'origine
des anciennes constructions,
cases, citernes, séchoirs, fours, etc. , et de la plantation de sisal.
L'histoire de ces colons nous est connue par les tombes du petit cimetière
d'EUROPA: Marie Virginie BEAUCHAMP décédée le 5 mars 1910 et Mlle Aurélie
STEPHEN décédée le 01 mai 1910, et des petites sculptures malgaches, marquées
par de petits carrés.
Pour une raison inconnue, les chefs de la petite colonie se rendirent à
Magadascar. Au cours de leur absence, les Malgaches se seraient livrés à des
exactions et auraient abusé des femmes. A leur retour, les hommes exécutèrent
les criminels, puis disparurent. Cependant, les deux épitaphes si rapprochées,
ne laissent aucun doute sur le mauvais état sanitaire de la petite colonie.
D'après les écrits du docteur POISSON qui les vit en 1923 : "les tombes
paraissent récentes, comme la case en pierre neuve, mais sans toiture, et la
prétendue citerne. Elles auraient alors été édifiées par de nouveaux colons,
bien après le départ des contemporains de Marie Virginie Beauchamp et Aurélie
Stephen et ces nouveaux colons qui ont peut être créé la plantation de sisal,
auraient eux aussi disparus sans laisser de traces.
Depuis 1923, aucune installation ne semble avoir eu lieu, et, il faut bien
avouer que l'île d'EUROPA est si peu hospitalière, qu'il n'y a rien d'étonnant
à ce qu'elle demeure inhabitée".
Une première piste sous forme d'une bande de terre de 600 m de long, orientée
SSE/NNW dans le Sud de l'île, fut ouverte en 1950. Elle permit l'atterrissage
d'un Ju52 le 18 novembre 1950. Mais en saison des pluies, elle devenait
impraticable, par suite d'inondations.
Une autre piste fut aménagée trois cent mètres plus loin, sensiblement
parallèle à la première. Elle aussi, était inondable. Une troisième piste fut
par conséquent implantée dans la partie Nord de l'île et inaugurée le 18 avril
1973. L'installation de la station météorologique d'EUROPA date de 1949. En
1981, fut construite la nouvelle station météorologique. Elle prit le nom de
" Station des ROSIER ".
Nombre d'oiseaux migrateurs peuplent EUROPA, la plus grande des Iles Eparses
de par sa superficie .
- Les frégates , qui
se rassemblent les jours d'éclosion de tortues marines. A certaines époques de
l'année, on peut les voir la gorge d'un rouge vif gonflée : c'est la parade
nuptiale. Les frégates sont très difficiles à approcher.
- Les phaétons
rubricauda à queue rouge et lepturus a queue blanche , en vol par couple ou isolés. Cet
oiseau palmipède des mers tropicales est aussi appelé paille en queue.
- Les fous de bassan à palme
rouge nichent dans les euphorbes.
- Les aigrettes,
souvent solitaires.
- Les flamants roses, occupent la partie Sud du Grand Lagon.
- On trouve également des pluviers gris et à collier, toujours en bande d'une
dizaine d'individus, des tourne pierres et des courlis.
- Des sternes antarctiques
, par milliers d'individus, occupent le Sud de l'île.
- Des chouettes effraies.
- Le corbeau pie à plastron
blanc : nom scientifique « corvus albus ».
- Les zosterops : petit passereau, oiseau très familier.
Au cours d'une mission scientifique effectuée en avril 1964, un classement
d'insectes a permis de dénombrer 57 espèces à EUROPA.
Les moustiques sont le
fléau principal d'EUROPA. Ils trouvent refuge parmi les palétuviers, et se
répandent sur toute l'île du crépuscule à l'aube. Ils prolifèrent
particulièrement durant la saison des pluies. De nombreuses araignées tissent
leur toiles dans les euphorbes ou en bordure des arbres.
Des chèvres ont été
introduites à EUROPA vers 1860, durant la tentative de colonisation de l'île
par les frères ROSIER. Le troupeau actuel est estimé entre 350 et 400 têtes.
Les rats sont très nombreux sur l'île : de forte taille possédant une queue
très longue, leur pelage est plutôt roussâtre. Cette variété de rats vit de
préférence dans la mangrove. L'autre variété, au pelage gris, fréquente les
abords des lieux d'habitation.
Le lagon d'EUROPA est un des plus poissonneux et de nombreuses variétés de
poissons y cohabitent.
C'est de novembre à mars que l'île est la plus fréquentée par les tortues marines. A cette
époque, environ huit mille tortues femelles se rendent à terre pour y déposer
leurs oeufs. A la naissance, c'est toujours le même spectacle des prédateurs,
et lorsque les petites tortues arriveront à l'eau, elles seront encore décimées
par les poissons.
Si la flore d'EUROPA est assez diversifiée en type de végétation, elle n'est
en fait constituée que d'un faible nombre d'espèces. Le long des plages on
trouve de nombreux filaos. Les euphorbes sur la majeure partie de l'île dont la
sève blanche s'écoule assez facilement dès qu'il est entaillé. Les palétuviers aux racines
aériennes formant de nombreux arceaux, se situent en bordure du lagon
intérieur. C'est le refuge des rats et des crabes, des bernard-l'ermite et de
nombreux poissons. On y voit aussi nombre de pneumatophores . Aux abords de la
station poussent quelques cocotiers introduits sur l'île probablement par les
météos.
Sur la partie Nord-Est de l'île pousse une grande quantité de sisal, probablement planté du
temps des ROSIER. Les fibres des feuilles servaient à faire des sacs et des
cordes. Le Sud de l'île est surtout occupé par des joncs et quelques arbustes
prenant un vert éclatant en saison des pluies. Le pourpier est visible dans une
zone à l'extrémité de la presqu'île Nord-Ouest. Deux petits flamboyants, en
contre bas de la station, apportent une note de gaieté au moment de la
floraison.
Au même titre que les autres îles, EUROPA a été classée réserve naturelle. Afin de
protéger les diverses implantations ou installations qui existent, des
dénominations leurs ont été attribuées. Le rivage Nord comprenant les anciennes
maisons, les tombes, et mât de Possession : LA POSSESSION Le rivage Nord Ouest
dit "Plage du débarquement" : ANSE GABRIEL L'extrémité de la
presqu'île Nord-Ouest : POINTE des PALETUVIERS Il n'y a que la partie NNW de
l'île qui est occupée par la présence humaine.
Dans le reste de l'île, la nature progressivement reprend ses droits.
La préservation de l'espèce marine et des tortues marines en particulier, reste
d'actualité. Le comptage des traces de tortues est effectué quotidiennement par
le gendarme. La zone de comptage s'étend de la pointe NW jusqu'à six cent
mètres sur le bord de plage, après les bâtiments météo. Depuis plusieurs
années, il y a lieu d'ajouter que la grande plage est de plus en plus
fréquentée par les tortues.
Les chèvres vivent par petits troupeaux d'une dizaine d'individus, loin des
installations et des habitations.
L'île d'EUROPA ne possède qu'une seule piste, avec quelques petites
ramifications permettant d'accéder à certains sites. Cette piste part de
l'entrée du lagon (côté gauche face au Nord) passe par la station et le camp
militaire, longe une partie de la côte Ouest, s'enfonce vers l'intérieur,
emprunte les deux anciennes pistes, et s'arrête sur une petite zone
rocailleuse, à six cent mètres environ de la plage Sud-Sud-Est.
Les quelques tombes formant le petit cimetière d'EUROPA sont entretenues par le 2ème
RPIMA.
Comme les autres Iles Eparses, EUROPA est dépourvue de population
autochtone. Une quinzaine d'hommes y est présente en permanence, dont 3
météorologistes, un gendarme et un détachement militaire. L'infrastructure de
l'île reste sommaire, et ne concerne que les installations nécessaires à la vie
de ces personnels et aux installations techniques. L'île possède quelques trous
d'eau et, près du cimetière, la citerne béton appelée "puits".
Les anciennes installations datant du temps des tentatives de colonisation ne
sont pas utilisées par les personnels présents sur l'île. La station de
construction récente date de 1981 et le cantonnement militaire a été reconstruit
en 1989.
Une piste d'aviation a été implantée à EUROPA en 1972 et
inaugurée le 18 avril 1973. Elle est classée "à usage privé". Cette
piste est située près de la station météorologique. Elle est orientée WNW/ESE.
Elle mesure 1500 mètres de long et 35 mètres de large. La surface de roulement
est le terrain naturel compacté, composé de sable corallien très fin, qui fait
"prise en surface".
La bande de dégagements latéraux a une largeur de 90 m et peut être
occasionnellement roulable. L'entretien de la piste se limite à la remise en
état après chaque atterrissage ou décollage et à empêcher les repousses de
végétation, en coupant systématiquement les arbustes et taillis se trouvant sur
la bande située de part et d'autre de la piste ainsi que sur la trouée d'envol.
Entretien effectué par le 2ème RPIMA. Moyens nécessaires : sabres, haches. Sur
le parking, un peu à l'écart, des fûts d'essence servant de dépôt de carburant,
et les extincteurs. Balisage diurne composé de dièdres rouges et blancs.
Un mât d'orientation de la manche à air.
Une balise installée par l'Aviation Civile émet sur 352 KCS (indicatif : FXE)
EUROPA est dépourvue d'installations portuaires. Elle est
entourée d'une bande de récifs madréporiques. Il n'y a pas de plateau
continental. Dans les parages de l'île, les courants sont très variables et
leur vitesse peut atteindre 2.5 nœuds. On trouve deux mouillages :
- le premier situé vers 100 mètres de fond à environ sept cent mètres de la
plage Nord-Ouest de la station Météo. On y accède par embarcations légères.
- le second par 150 à 200 mètres de fond à l'Est de la station à environ 2500 à
3000 m. Quelques épaves au sud de l'île et vers la pointe Nord Ouest. Depuis
1994, un phare assure la signalisation maritime de l'île. Il est situé près de
la station, au sommet d'un mât de 17 m.
Les installations du détachement militaire sont situées entre la piste
d'aviation et la station météo. Elles ont été rénovées et en partie
reconstruites, en 1989. Elles sont conçues pour une vingtaine de personnes.
La nouvelle station
météorologique d'EUROPA fut construite en 1981 sur la partie NNW de l'île,
à quelques dizaines de mètres de la plage, sur une dune de sable. Cette station
se compose de deux cases TOMI reliées par une toiture formant un
"patio".
- liaisons radio sur
fréquences météorologiques
- VHF Air (122.30 MHZ)
- VHF Marine : Veille permanente canal 16 + (portable)
- liaisons satellite pour station automatique Miria
- communications téléphoniques par BLU.
Le climat d'EUROPA est tempéré par la mer. Les alizés de Sud-Est sont
dominants. Si la température descend parfois au-dessous de dix degrés (durant
la saison sèche), il n'est pas rare de dépasser les trente degrés. A certaines
époques de l'année (juin à septembre), les brumes et les bancs de brouillard
peuvent faire leur apparition en fin de nuit.
La saison des pluies s'étend de novembre à mai. Les pluies sont assez rares
mais violentes. Les orages s'observent en début de saison de pluies. Ils sont
presque toujours liés au passage de fronts se déplaçant d'Ouest en Est.